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Eviter les accidents Eviter les accidents

Prendre ses précautions pour intervenir en hauteur représente peu d'investissements au regard d'une chute mortelle.

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Construire son bâtiment, c'est réduire sa facture. Encore faut-il ne pas prendre de risques inconsidérés. Les accidents sont fréquents. Entre 2005 et 2008 par exemple, la Mutualité sociale agricole (MSA) a recensé 37 chutes mortelles d'exploitants agricoles.

 

« L'erreur est surtout de se dire que l'on ne risque rien, assure Sylvain Kientz, de la chambre d'agriculture du Calvados. À 20 cm du sol, le danger est déjà bien réel. Il faut savoir allier le "système D" et les obligations minimales de sécurité. »

 

Il n'existe pas de guide des bonnes pratiques de l'autoconstruction d'un bâtiment agricole.

La chambre d'agriculture du Calvados, en collaboration avec l'OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics), le SRITEPSA (Service régional de l'inspection du travail de l'emploi et de la politique sociale agricole) et la MSA des Côtes normandes, a réalisé des fiches pratiques pour proposer une méthode à suivre lorsque l'on construit soi-même son bâtiment.

Elles sont disponibles sur le site internet de la chambre d'agriculture du Calvados. Sylvain Kientz a participé à leur élaboration. Il nous guide pour en extraire les points principaux.

Déplacement sur le toit

« Dans tous les cas, la protection collective est à privilégier par rapport à la protection individuelle », explique Sylvain Kientz. Il s'agit de protéger le lieu sur lequel on intervient, en mettant en place par exemple un chemin de circulation (lire l'encadré), puis en installant des garde-corps et des protections en sous-face de toiture.

« Il ne faut jamais poser les pieds directement sur la toiture, insiste-t-il. Et cela, quel que soit le type de plaques : les fibres-ciment sont aussi fragiles que les translucides. »

Utilisation de la nacelle

 

« Cette dernière est conçue pour intervenir en hauteur en toute sécurité, souligne Sylvain Kientz. Mais, pour cela, les commandes doivent être intégrées au panier. » Toute sorte de bricolage sur les pics de la fourche du télescopique est à bannir.

 

« Deux personnes sont requises pour l'emploi de la nacelle, ajoute-t-il. Une dans le panier et l'autre au sol pour surveiller, guider et secourir en cas de problème. Ce matériel se loue. Ainsi, il présente toutes les garanties de sécurité dans la mesure où il est contrôlé et vérifié tous les six mois. Le prix est d'environ 200 € par jour, sachant qu'il faut ajouter les frais de livraison, soit environ 50 € de plus. Ce matériel peut aussi faire l'objet d'un achat en Cuma. »

Autre point important, la nacelle s'installe sur un terrain stabilisé. Celle-ci ne sert pas au levage des matériaux. Pour cela, un matériel spécifique est nécessaire en complément.

 

 

Utilisation de l'échelle

« En général, pour travailler en hauteur, l'utilisation de l'échafaudage ou de la nacelle est à privilégier. En tout cas, l'échelle n'est jamais utilisée comme poste de travail. L'accès à une plate-forme de travail et son installation sécurisée doivent répondre à certaines règles (voir ci-dessus).

Comme la nacelle, l'échelle repose sur ses deux pieds, sur un sol stable. L'endroit est dégagé et protégé des passages pour éviter tout risque de déstabilisation. La montée et la descente s'effectuent toujours face à l'échelle, sachant qu'on ne doit pas monter à plusieurs en même temps sur la même échelle. Enfin, il ne faut pas monter jusqu'au bout de l'échelle. Les quatre derniers échelons ne doivent pas servir pour poser les pieds. »

Le travail en tranchées

Celles-ci sont parfois nécessaires pour le drainage d'un terrain avant la construction. « Quelle que soit la profondeur, les risques liés au travail dans une tranchée sont souvent sous-estimés, explique Sylvain Kientz. Les accidents peuvent être graves ! De l'écrasement à l'asphyxie. Les parois d'une tranchée sont instables (voir l'infographie ci-contre). Tous les terrains peuvent s'ébouler, même si le sol paraît sain ! »

 

Les chutes mortelles en chiffres

• 22 agriculteurs ont été victimes d'une chute mortelle en France entre 2004 et 2006 lors d'une intervention sur une toiture. Ces accidents sont dus à des ruptures de plaques ou à des chutes d'échelle.

• 16 chutes d'exploitants ont été recensées, en 2008, parla MSA Côtes normandes dans le Calvados et la Manche. Quatre accidents sur dix ont eu lieu lors de la construction, 27 % lors de la réparation de toitures, et notamment de remplacement de plaques en fibres-ciment, et 20 lors de l'entretien d'une gouttière. 59 % des accidents se soldent par une fracture, 34 % par des contusions multiples et 7 % par un traumatisme crânien.

 

 

Un outil pour intervenir sur le toit

 

Le Sécuriplac a été mis au point par la MSA avec la société Dimos pour les interventions de courte durée sur un toit composé de fibres-ciment ou translucides.

 

« Il est important de ne jamais prendre appui directement sur ces plaques », souligne Denis Leportier, de la MSA des Côtes normandes. Cet équipement est constitué de planchers de 3 mètres. Deux d'entre eux sont posés en parallèle sur le toit. Ils sont fixés grâce aux tire-fonds des pannes. Le troisième plancher est posé perpendiculairement sur les deux autres.

L'intervenant dispose ensuite d'un chemin en U (photo) entourant la zone d'intervention. La pression est ainsi répartie sur une plus grande surface. Son utilisation supprime le risque de passer à travers le toit fragile. Il n'empêche pas une chute du toit.

Il doit par conséquent être impérativement couplé avec un équipement de protection antichute. La mise en place du Sécuriplac s'effectue en moins de 20 minutes. Le prix du dispositif comprenant les trois planchers et les accessoires est de 815 €. Il faut compter 540 € de plus pour deux planchers supplémentaires, 155 € pour le stabilisateur d'échelle et 310 € pour le kit antichute, soit au total 1.820 €.

« La MSA des Côtes normandes aide les acheteurs de ce dispositif », précise Denis Leportier, sachant qu'il est possible d'investir dans le cadre d'une Cuma ou d'une copropriété.

 

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